Fête du livre de Bron (suite...)
Le second entretien auquel nous avons assisté dimanche dernier à Bron est celui qui réunissait Pierre Bayard (Comment parler des lieux où l’on n’a pas été ? Éditions de Minuit) et Christine Montalbetti (L’évaporation de l’oncle, Éditions P.OL.) sur le thème du récit fictionnel qui passe pour vrai.
Pour Pierre Bayard ce type de récit est le résultat d'une fiction collective : le public a autant envie d'y croire que le mythomane a envie de le faire croire. Parfois en toute bonne foi. Pierre Bayard cite l'exemple de Margaret Mead et son livre sur la sexualité samoane (la célèbre anthropologue aurait été induite en erreur par des informateurs bien intentionnés...). Le désir de plaire à l'autre quand on raconte est un désir d'écrivain aussi. La "vérité littéraire" est une notion qui repose sur la falsification pour rendre les choses plus vraies, pour compléter, en quelque sorte, la vérité scientifique.
Il ne peut pas y avoir de littérature sans humour, ni décalage, ni second degré selon Bayard. Il aborde de la même manière les sciences humaines et, de ce fait, occupe une position originale : ses livres sont écrits comme des romans, avec un narrateur. Cela lui permet de travailler différentes thèses en même temps, de donner divers points de vue. Une manière différente et distanciée d'aborder des théories littéraires que dans un essai ou une fiction.
Christine Montalbetti a une approche dans son dernier roman qui ressemble à ce que décrit Pierre Bayard dans son livre. Elle évoque un Japon fantasmé , connu par le biais du cinéma, des livres, de l'imaginaire davantage que par le voyage dans le pays réel : placer le lecteur dans un monde fantasmatique qui fait rêver, qu'on peut réinventer ensemble. Un Japon de conte qui fait penser à celui évoqué par Alessandro Baricco dans Soie que nous avons lu récemment dans le cadre de nos réunions Lire & Echanger. Comme dans Western, un de ses précédents romans, elle mêle les lieux réels et les lieux réinventés avec bonheur.
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